Mes chroniques

« Je te promets la liberté » de Laurent Gounelle

Pour avoir lu quasiment toutes les oeuvres de Laurent Gounelle, j’ai été particulièrement surprise par ce dernier opus, Je te promets la liberté, sorti cette année aux éditions Calmann Levy. Pour être honnête, celui-ci m’apparaît plus comme un conte initiatique que comme le « roman à suspense » que nous promet la quatrième de couverture. Ai-je été déçue ? Je vous raconte tout dans le lignes qui vont suivre.

Rappel de la quatrième de couverture

Avec son nouveau roman à suspense, Laurent Gounelle vous entraîne au cœur d’une histoire exaltante dans laquelle vous allez vous perdre… et vous retrouver.

Imaginez : votre employeur vous laisse dix jours pour sauver votre poste et, le soir même, votre conjoint vous laisse entendre que votre couple n’en a plus pour longtemps… Dans les deux cas, on vous reproche votre personnalité, mais qu’y pouvez-vous ?

Lorsqu’un ami vous parle d’un homme mystérieux, membre d’une confrérie très secrète détentrice d’un savoir ancestral, qui a le pouvoir d’installer en vous une toute nouvelle personnalité, la perspective est peut-être tentante…

C’est ce qui arrive à Sybille Shirdoon, l’héroïne de cette histoire : confrontée à l’échec, à la séparation, à la trahison, mais aussi au bonheur, à la joie, à l’amour, elle s’embarque alors dans un chemin extraordinaire vers la découverte de soi et des autres.

Un conte initiatique

Les romans de Laurent Gounelle ont tous une particularité : sous le couvert d’histoires « classiques » se cache toujours une fabuleuse leçon de vie sur le bonheur, l’instant présent ou encore le chemin vers soi-même. Cette fois-ci je dirais que si le fond est toujours identique, la forme a sensiblement évolué. Car pour moi l’histoire n’est ici qu’un prétexte destiné à amener une forte réflexion philosophique sur la personnalité.

Plus qu’un roman à suspense, c’est un véritable conte initiatique que l’auteur tisse page après page. Et c’est Sybille Shirdoon, jeune femme Lyonnaise dans les années 60, qui va en être le principal protagoniste.

Des faiblesses qui nous ressemblent

En effet, dès le début du flashback dans la vie de Sybille, on la retrouve face à une situation pour le moins problématique : entre la perte potentielle de son travail et de son couple, son manque de confiance en elle et ses difficultés relationnelles sont plus que mises en cause.

À chaque échec, le constat était le même : j’avais le sentiment de m’y être mal prise alors que je savais pourtant ce qu’il fallait faire. Mais, dans l’instant, quelque chose me retenait de m’exprimer et d’agir comme je l’aurais souhaité. Je ressentais une certaine gêne, comme si je n’étais pas vraiment légitime, pas tout à fait à ma place dans ce que je faisais.

Et finalement, au-delà du contexte, on ne peut s’empêcher de ressentir beaucoup de compassion pour la jeune Sybille. Certains se reconnaîtront d’ailleurs dans ses souffrances et ses faiblesses qui sont loin d’être choisies au hasard, nous le verrons par la suite.

Puis, comme nous le laisse deviner le résumé, c’est en rencontrant ce « membre d’une confrérie très secrète détentrice d’un savoir ancestral » que son véritable voyage initiatique va commencer.

Un voyage vers soi-même

Dès lors, au gré des jours qui vont s’écouler, Sybille va se retrouver confrontée à moult péripéties, pas toujours très réalistes. Mais qu’importe. Quand on accepte finalement de lire un conte plutôt qu’un roman à suspense, on finit par apprécier ces fantaisies, ainsi que la structure répétitive distillée en journées, plutôt caractéristiques du genre (je ne peux m’empêcher de penser à « Le plus bel endroit du monde est ici« ).

Et c’est finalement pas après pas, dans un récit semé d’allégories en tout genre sur le rapport aux autres et à soi-même, sur le naufrage personnel et la remontée vers la lumière, que Sybille tente de trouver le chemin vers sa véritable personnalité, celle qui lui convient, celle dont elle rêve. Celle qui lui offrira sa renaissance.

On comprend mieux alors l’épigraphe proposé subtilement en début de roman :

« Le seul véritable voyage, le seul bain de Jouvence, ce ne serait pas d’aller vers de nouveaux paysages, mais d’avoir d’autres yeux, de voir l’univers avec les yeux d’un autre, de cent autres, de voir les cent univers que chacun d’eux voit, que chacun d’eux est. »

Marcel Proust

Au coeur de l’ennéagramme

Bien sûr, ce n’est pas un périple au hasard que Laurent Gounelle a choisi pour Sybille. C’est en fait un modèle très complexe et ancien que l’auteur nous fait explorer au travers de ces différentes journées et des différentes rencontres de Sybille. Il s’agit en effet de l’ennéagramme.

Les différentes personnalités

L’ennéagramme est un modèle qui structure la personnalité humaine en 9 catégories. Logiquement, nous appartenons tous à l’un de ces grands types : perfectionniste, altruiste, gagnant, créatif, observateur, loyaliste, épicurien, meneur ou médiateur.

La représentation traditionnelle de l’ennéagramme

Cependant au-delà de nous faire découvrir et comprendre ces différents schémas de personnalité, Laurent Gounelle soulève une question de fond : que signifie être soi-même quand on a telle ou telle personnalité ?

Et c’est finalement une réflexion bien plus profonde (et fidèle aux réflexions de l’auteur depuis des années) qui s’impose à nous : alors que nous avons toujours tendance à nous identifier à notre personnalité, c’est en fait celle-ci qui nous tient prisonnier et nous empêche justement d’être nous-même, de nous exprimer.

Une souffrance originelle

Pour l’auteur, chaque personnalité est en fait induite par une souffrance originelle. C’est cette souffrance, cette peur, plus ou moins consciente en chacun, qui va modeler notre manière de nous conduire et surtout notre manière de percevoir le monde.

En effet, nous n’interprétons pas les événement de notre vie de la même façon si nous appartenons au type 1 ou au type 2. Or, c’est notre faculté à interpréter ces faits qui conditionne ensuite les choix que nous faisons à chaque instant.

La personnalité est donc, tout à fait inconsciemment, ce qui permet de nous rassurer en fournissant une explication de ce milieu inconnu : on se constitue en quelque sorte notre propre décodeur, une vision du monde et de nous-même, et de ce qu’il convient de faire pour vivre. On développe ainsi des filtres, des croyances, des illusions qui nous permettent de mener notre vie tant bien que mal, de tirer notre épingle du jeu.

Toutefois c’est justement en se libérant des chaînes créées par nos différentes souffrances que nous pourrons prendre du recul sur notre vie, sur nos choix, mais aussi sur le monde qui nous entoure. Car si l’ennéagramme aide à mieux se cerner soi-même, il est aussi un fabuleux outil pour aider à comprendre les autres.

En conclusion

ennéagramme poche marabout
Le livre sur l’ennéagramme déjà en ma possession !

À vrai dire le sujet de l’ennéagramme ne m’avait d’ores et déjà pas laissée indifférente il y a quelques mois. En effet, j’avais alors acheté un livre qui lui était consacré, sans avoir encore trouvé le temps de le lire. Moralité : j’ai bien envie d’approfondir le sujet !

Au-delà de ça, j’ai été surprise au départ par la forme du roman de Laurent Gounelle, qui se détache beaucoup de ses précédents comme « Les dieux voyagent toujours incognito« , « Le jour où j’ai appris à vivre » ou encore « Et tu trouveras le trésor qui dort en toi« . Mais au fond la réflexion qu’il apporte sur la grande question d’être soi-même, et la lucidité qu’il procure sur nos différents schémas de pensée et de réactions inconscientes… tout cela m’a beaucoup plu.

On ne peut s’empêcher de se reconnaître et de reconnaître notre entourage dans les représentations concrètes de chacun des types. Or c’est effectivement en les vivant de l’intérieur qu’on arrive à mieux les cerner, mieux les comprendre. Et peut-être même mieux se comprendre pour tenter de se promettre enfin à soi-même…. la liberté !


Et vous, l’avez-vous lu ? Qu’en avez-vous pensé ? Je suis très curieuse d’avoir vos ressentis en commentaires !


En bonus dans cet article, j’avais envie de vous partager l’excellente conférence TED que Laurent Gounelle avait tenu il y a quelques années à Marseille. Il y évoquait déjà la problématique d’être vraiment soi-même, et comme d’habitude avec lui, c’est subtil et passionnant !

La conférence de Laurent Gounelle au TedxMarseille

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s