Parfois on achète un roman parce qu’on est séduit par sa couverture atypique. Parce que le titre résonne en nous sans trop savoir pourquoi. Parce qu’on l’a vu tourner sur Instagram avec des coeurs tout autour. Parfois il arrive qu’on soit déçu de ce que l’on y trouve, de l’alchimie qui finalement ne se produit pas. Et parfois, c’est une rencontre. Celle qu’on attendait tant et qui s’appelle le coup de coeur. Laissez-moi vous parler de ma belle rencontre avec les chaussettes de Marie Vareille.
Rappel de la quatrième de couverture

En apparence, Alice va très bien (ou presque). En réalité, elle ne dort plus sans somnifères, souffre de troubles obsessionnels compulsifs et collectionne les crises d’angoisse à l’idée que le drame qu’elle a si profondément enfoui quelques années plus tôt refasse surface.
Américaine fraîchement débarquée à Paris, elle n’a qu’un objectif : repartir à zéro et se reconstruire. Elle accepte alors de travailler dans une start-up dirigée par un jeune PDG fantasque dont le projet se révèle pour le moins… étonnant : il veut réunir les chaussettes dépareillées de par le monde. La jeune femme ne s’en doute pas encore, mais les rencontres qu’elle va faire dans cette ville inconnue vont bouleverser sa vie.
Devenue experte dans l’art de mettre des barrières entre elle et les autres, jusqu’à quand Alice arrivera-t-elle à dissimuler son passé ?
Une plume comme j’aime
La vie rêvée des chaussettes orpheline est le premier roman que je lis de Marie Vareille. Une chose est sûre, sa plume m’a immédiatement séduite. Pleine d’humour, hyper moderne, on avale les pages à une vitesse vertigineuse…
Une Alice, deux époques
Dès le départ, l’auteure nous plonge dans la dualité de son histoire :
D’un côté Alice du passé, au travers de son journal intime. Drôle, poignante, elle nous cueille le coeur dès les premières lignes. Elle habite à Londres et tente désespérément d’avoir un bébé avec Oliver, son mari.
De l’autre, Alice du présent, triste et machinale, truffée d’angoisses et de TOC, fuyant son passé dans le chaos parisien. Que s’est-il passé en 7 ans ? Comment en est-elle arrivée là ?
J’aime les chiffres, parce qu’ils sont sans ambiguïté. Une formule mathématique ne laisse aucune place au hasard, à la chance ou à l’imprévu. Pas de déception, il n’y a qu’un seul résultat possible. En fait, les chiffres disent toujours la vérité.
Tout en elle semble cassé. Elle s’applique à poser des barrières infranchissables entre elle et les autres, comme une ultime chance d’éviter de souffrir. De jour en jour, Alice se livre à nous. Puis nous revenons 7 ans en arrière. Les deux destins se rapprochent, inexorablement.
Ce double récit, vous vous en doutez, est totalement addictif. On veut savoir, car on souffre avec elle sans comprendre.
La startup life
Paradoxalement, la lecture des chaussettes orphelines n’est pas du tout triste. C’est même tout le contraire ! À vrai dire j’ai ri comme je n’avais pas ri depuis l’humour d’une certaine…. Virginie Grimaldi ! Et ce n’est pas peu dire quand on sait à quel point je l’adore !
En plus de ses punchlines dont visiblement elle seule a le secret, Marie Vareille reprend avec brio tous les codes de la startup life. Et pour justement travailler dans l’une d’elle, je peux vous dire que tout y est : le jargon, le séminaire, les geeks, le boss visionnaire. Avec tendresse mais aussi avec recul, on retrouve tous les bons clichés qui sentent terriblement le vécu !
Plus personne ne lit d’emails, on n’est plus en 1990, si tu as une question, pose-la-moi sur Slack.
Quant à Chris, le patron fantasque, eh bien… j’avoue avoir beaucoup de tendresse pour lui. Et surtout pour son histoire, que l’on découvre progressivement.
Un roman peut en cacher un autre
Car c’est bien là toute la beauté du roman. Au fil des pages, chaque personnage prend tout compte fait une profondeur insoupçonnée. On découvre les failles, les blessures, les entailles faites par la vie. Le rire se fait alors rejoindre par l’affection que l’on porte à tous ces coeurs abimées.
Sister sister
Petit à petit, on plonge surtout dans la relation entre Alice et sa soeur, Scarlett, à fleur de peau, fascinante et flamboyante. On ressent leur amour. Il est beau et fort. Viscéral et indestructible. On aime plus que tout ce duo qui résiste, contre vents et marées, à la jalousie, au manque d’amour maternel, au temps qui passe. Pourtant bientôt le doute se fait sentir. On sent qu’un drame s’est produit. Il se précise, mais pourtant ça ne colle pas. On se questionne, cependant notre Alice ne livre pas ses secrets aussi facilement…
Autant dire qu’il n’en faut pas plus pour éprouver le besoin incontrôlable de dévorer les dernières pages !
Une fin parfaite
Et puis arrive la fin. Une véritable claque ! Un twist comme rarement il m’a été donné d’en voir. On passe du rire aux larmes en une réplique. On ne comprend pas. On esquisse un « non mais attend, parce que… quoi… mais… ohhhh ! ». Et voilà, tout s’éclaire. On sait. On comprend tout. On pleure.
Et on réalise que l’adorable Marie Vareille, la même qui lit en pyjama sur sa charmante chaîne YouTube, s’est bien moquée de nous. Elle nous a mené par le bout du nez et c’est tout simplement prodigieux !
En conclusion
Rares sont les auteurs capables de relever le défi de mélanger aussi habilement une telle palette d’émotions : l’humour, la nostalgie, la jalousie, l’amour, l’amitié, la douleur, le manque, la résilience… de vraies montagnes russes qui m’ont vraiment bouleversée.
Je ne peux plus écouter Wonderwall d’Oasis sans penser à Alice et Scarlett, et regarde désormais mes chaussettes dépareillées avec une infinie tendresse… J’aime tant ces livres qui laissent un petit morceaux de leur âme dans nos mémoires, et c’est précisément ce qu’a réussi à faire Marie Vareille avec sa vie rêvée des chaussettes orphelines.
Et vous, l’avez-vous lu ? Qu’en avez-vous pensé ? Aviez-vous vu venir la fin ?
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